" /> récit marathon du Médoc 2008
je pensais , personnellement , que le Médoc était difficilement racontable .....
qu'il se vivait ... pleinement , avec passion , les yeux grands ouverts, toutes papilles dehors, chacun étant membre du spectacle chorégraphique qui se joue entre les vignes et les châteaux ..
chacun étant acteur et spectateur, partie prenante et juge ....
.... et puis .. les bras m'en sont tombés de lire cette chronique d 'un autre temps du dénommé Achille !......(RunninDoum sur CLM)
il m'a permis de le publier sur mon site : comme témoignage indémodable et puissant de ce qu 'est le " Médoc" ?
le féliciter , aprés ça, me semble limite vulgaire .... je m'incline ... tout bonnement !!!!!!
merci !

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Médoc MMVIII : L'Odyssée d' Achille

RunninDoum écrit "

Je suis Achille, fils de Pélée, et ceci est mon histoire.

En cette matinée de fin d’été, quittant ma Thessalie, j’avais rendez-vous avec l’Olympe ; Déesses et Dieux, étaient venus nombreux, l’humeur était fort bonne, ils avaient pour l’occasion revêtu leurs habits de lumière ; l’Olympe affaiblit l’éclat de l’astre solaire.

Poséidon aux tempes blanches avait pris dans ses filets Héra ; Dionysos tendait sa coupe à Démeter, Méduse et Persée faisaient alliance, Thalès et Apollon devisaient pendant qu’ Eros tournait la tête des mortelles d’horizons lointains en décochant ses flèches. Athéna se joignit à la troupe juste avant Zeus, barbe blanche aux vents. J’ai vu Héraclès irradiant sa puissance, Kloris multicolore, Hermès les ailes frémissantes…Même deux Princes venus d’au-delà des grandes Montagnes de l’Est dans leurs grands apparats étaient invités au festin des Dieux… J’étais moi-même venu dans ma tenue de combat favorite, le casque pris à un roi vaincu, le bouclier qui m’avait épargné bien des blessures à la guerre, mon fidèle glaive, et surtout, Hélène princesse Spartiate devenue Troyenne m’accompagnait pour cette mission.

Je fus très vite confronté à une foule immense, bruyante, colorée et étrange, des mortels de l’Orient se mêlant à des gueux bariolés du Septentrion, du Sud, et d’autres mondes, certains vus en rêve dans des passés obscurs ou des avenirs brillants , tous étaient là pour la Quête, mais il fallait pour cela traverser cette contrée aimée de Dionysos, ses mirages, ses vignes et ses dangers ,la mystérieuse terre d’Oc. Une aventure de 100 000 coudées !

Habituellement devant la foule de mes vaillants guerriers, en cette contrée inconnue j’avais décidé de partir prudemment caché dans le ventre de cette chimère aux 16000 jambes. Sur mon plastron était gravé mon numéros : MMMCCI (Je maîtrise le bas-Romain).

Je partageais quelques stadions en compagnies divines , pour nous remémorer quelque haut fait ; Hélène ma princesse pour laquelle j’avais envoyé de l’autre côté du Styx Hector et berné Pâris , fût vite happée dans les entrailles du Monstre.

Les forteresses de ce pays ne tardèrent pas à se découvrir, présentant au voyageur hospitalité et breuvages étranges, ainsi je décidais de partager ces plaisirs de simple mortel : Lynch Bages, Beychevelle, Gruau Larose, LaroseTrintaudon , furent autant de libations partagées en bonne et inconnue compagnie , quoique pas toujours inconnue, je me rappelle avoir trinqué avec Eros et Apollon… A la croisée des cités traversées, de nombreux mortels et leurs petits sortaient de leurs repères, haranguant le long serpent qui remontait vers la Gloire … les fous ! ils m’appelaient … « centurion ! », « romain ! », « gladiateur !! »… je ne comprenais pas … n’avaient-ils jamais entendu chanter la gloire d’Achille ?
J’ai escorté à travers des foules urbaines Athena, dans une forme guerrière, et pour qui Zeus fendait la voie…
J’ai rencontré un vaillant éphèbe venu du Nord (inscription « Te cours cha mousse » dans le dos) qui (enfin un mortel lettré!), m’a reconnu, s’est placé devant moi, et a crié pendant de longs moments « faites place !, place à Achille !! », m’ouvrant la voie et me permettant de griller quelques calories humaines en survitesse dans la côte du Cos d’Estournel…(et de me rendre vite compte de la fragilité de cette enveloppe de mortel)

J’ai côtoyé une femme venue d’une île occidentale du Nord, cherchant un monstre marin qui l’avait distancée… des hommes portaient la même toge courte en épais tissu à la couleur de leur clan… J’ai partagé mon chemin avec Thalès, traversant des vignes généreuses…

J’ai croisé des soldats qui me rappelaient d’anciens combats , j’ai vu des servantes d’Apollon, des serviteurs de l’Enfer, des fous…. Des machines infernales poussées par mille bras…des ors, des pourpres, des bleus me rappelant mes Iles…

J’ai pris d’assaut d’autres forteresses : Pontet Canet, où j’ai dansé aux sons mélodieux et joyeux d’un groupe d’hommes à la peau foncée sous la moiteur des lointaines îles du Soleil, Haut Marbuzet, Phélan Ségur, Tronquoy Lalande… puis plus loin j’ai goûté des mets succulents et étranges : « grenier médocain » ; J’ai retrouvé avec joie Hermès en pleine libation et dégustant des mollusques vers la fin du parcours, nous avons couru quelques brassées, partagé quelques chopes de ce nectar si particulier, dégusté une viande juteuse et saignante à souhait ; je l’ai laissé sur le chemin ,il voulait profiter de ce passage sur Terre un peu plus longtemps, et retrouver les Dieux …. Je l’ai regretté ensuite, car j’aurais pu prolonger cette rencontre divine…

A l’abord de la Cité, deux solides créatures mi-homme mi-femme m’ont soulevé du sol en riant, nous avions partagé quelques derniers efforts sur la voie. Et soudain la Porte m’est apparue au détour d’un dernier virage, et je suis allé pourfendre sur une litière pourpre longue d’ un stadion les derniers obstacles me séparant de la Gloire ; car enfin c’est bien cela que nous étions venus chercher ! Et il me fallait retrouver Hélène, qu’était-il advenu d’elle pendant cette traversée ? …

Elle était là, et m’accueillit sur le seuil de la Gloire , si belle, et fidèle telle la compagne d’Ulysse mon ami. Pélée mon père était là aussi, et nous avons pensé à Thétis… Nous n’avions alors plus qu’à partager récits, libations et repos après cette épopée ; Un peintre Romain, Maindrus, immortalisera ces exploits.

Je suis Achille, roi des Myrmidons, et ceci est mon histoire…

J’ai compris lors de cette aventure que la Gloire est importante, certes, mais que curiosité, ouverture et amitié sont parmi ces valeurs humaines qui font la grandeur des mortels.. et dont l’Histoire se rappellera.

Achille alias RunninDoum alias Dominique ......