" /> récit Zermatt Marathon 2010


Je cours .... ça grimpe sans un mètre de répit ... le soleil cogne sur mes épaules nues ... j'ai soif, mais n'arrête pas de boire à ma fidèle gourde ... Sans résultats !

Qu'aurais je pu faire aujourd'hui ?

- Ma sortie grimpette préférée ? 26 ou 34 km sur la magnifique petite route de l'Esterel qui domine Mare Nostrum , vers le sommet du pic de l'Ours ? Un bonheur à portée de main ( de pieds) , que je fais régulièrement en entrainement .. et pas plus tard que ce mercredi avant le cabinet puis notre départ jeudi matin pour Zermatt .
- Ou bien cette adorable petite virée de 2h que je me suis offerte hier matin, à 5h30, entre grächen et Zermatt , dans cette superbe forêt d'altitude, au couvert des résineux , entre les petits ruisseaux, les torrents et les rhododendrons .... je donnerais tout l'or du monde pour ces moments intimes, seul ou avec ma-tortue, avec pour unique but de Vivre ce que j'aime , sans penser à rien d'autre, sans penser que demain une rude épreuve m'attend .

Qu'aurais je pu faire aujourd'hui ?
- Inaugurer ma piscine ... enfin finie !!! après 4 ans d'abandon sous forme d'un cloaque vert sombre ... marre des problèmes , marre de s'en occuper pour personne ... marre des incompétents qui m'ont soit disant réparé le filtre et la retrouver par 3 fois entièrement vide ! On me la "livre" ce WE ... nouveau revêtement , nouveau filtre , nouveau traitement de l'eau par hydrolyse ... le bonheur ? La tranquillité ? Ça existe pour une piscine ( plus source de déboires que de loisir ???? ;-(. )

Qu'aurais je pu faire aujourd'hui ?
- une gentille Plongée solo, comme j'adore en faire sans être obligé de rechercher un partenaire.. avec les même horaires ( je suis un lève tôt !) .. avec les mêmes temps de loisir... avec les mêmes compétences ...qui ne soit pas un prédateur se ruant sur les pauvres langoustes qui perdurent ...
Essayer ainsi ma nouvelle petite bouteille de paliers à l'O2 pur , qui me permettra une meilleure désaturation en azote et de moindre risques de problèmes de décompression (je suis médecin de la Plongee , par passion de jeunesse car je n'en fais pas état dans mes diplômes, mais ce qui m'a permis d'effectuer un stage passionnant à l'Institut de la Plongee Professionnelle à Marseille )

Qu'aurais je pu faire aujourd'hui ?
- une sortie tandem de route (Cannondale) avec ma-tortue, pour essayer notre nouvelle remorque "une roue" : déjà testée avec notre Tandem Tout Terrain ( un Lapierre que j'adore aussi )
Un régal car on ne sent aucune déstabilisation du tandem, aucune vibration même sur piste , une charge utile de 30kg ... À nous les sorties sur plusieurs jours, avec changes et ravito, petits Hôtels de charme pour nos soirées . Nous avions adoré faire l'Alsace ( après le MVA) , le Luberon, le Perigord , et bien sûr le Var ... Cette remorque nous offrira plus d'autonomie !

Qu'aurais je pu faire aujourd'hui ?
Mon jardin ?!!! il faut dire que lui aussi est à l'abandon !
Avec ce 10 iem marathon depuis le début de l'année, plus les trails off, plus les WE famille & mariage ... de la fifille... des fifilles des amis , les WE déménagement de la maison de feu beau papa ... Les temps libres de jardinage ont été quasiment nuls ...
Et mon jardin ressemble plus à la jungle du Vietnam, ( les bambous poussent en plein milieu du gazon ! Au secours !!!!), qu' un gentil havre de paix Raphaelois ...

Qu'aurais je pu faire aujourd'hui ?
Je suis sûr que , comme moi , vous vous êtes déjà posé la question ...
Non pas "'qu'est ce que je fous là" ... mais juste " Qu'aurais je pu faire aujourd'hui ? "
Parce que l'esprit vagabonde quand l'effort continu, régulier, ne nécessite pas de contrôler le "Pace", le cardio, les temps de passage .
Ou alors, dés le début de l'effort on se raconte ce prochain récit ...

Mais au fait ? Qu' est ce que je fais aujourd'hui ? Justement ?

;-) .... un des plus beaux marathon nature et montagne que je connaisse !
La Meteo est de la partie : le Cervin, pic élancé de Roche brut , symbole pyramidal du nirvana montagnard est absolument dénudé ! déshabillé de ses voiles de brume habituels .. quasiment indécent sous nos regards de voyeurs admiratifs !
Mais qu'il est dur le chemin devant lui ! Que ce soleil cogne, malgré une légère brise tempérée ...

au milieu du long cordon de sportifs , dont beaucoup marcheront longtemps, une ballerine en Tutu rose s'évertue à courir chaque mètre, à sauter chaque marche de rocher saillant, à doubler chaque concurrent qui est à sa porté ... serrant les dents, obnubilée par son effort, hypnotisée mentalement par ce seul but : Rifelberg et son arche d'arrivée !

le premier semi, que j'adore, entre San Niklaus et Zermatt a été déjà une petite épreuve , car dans la zone la plus chaude du parcours .
Et puis cette chaleur coupe les jambes ... le punch n'est pas là ...

C'est au deuxième semi que tout commence : la pente forcit ... et n'en finit plus !
Je tète sans cesse ma gourde de boisson énergétique : seul réconfort régulier et à la demande, sans avoir à attendre les ravitos officiels : avec la soif, la fatigue, la bouche sèche de poussières des chemins, ce simple petit réservoir à main, plus léger qu' un camel et que je n'arrête pas de remplir et re-remplir, représente une espèce de bouée de sauvetage dans cet océan de sueur et de glycogene brulé !
Même au passage en encorbellement sous les résineux au milieu des rhododendrons , seul moment de récupération qui m'avait valu des cris de bonheurs l'an dernier, même ce passage n'arrivera pas à me donner cette sensation de sortir la tête du trou d'effort à l'état brut dans lequel je suis immergé !

Et voilà l'ignoble mur des trois derniers km .... une seule question me taraude ( et depuis le départ ) ???? Arriverais je à tenir mon challenge de courir ce parcours à 100% ?
il me faudra 4 petits arrêts de qq secondes ,laissant passer sans états d'âmes 3 à 4 concurrents marcheurs à chaque fois, pour arriver à bout de ce dernier effort qui me parait presque inhumain ...

Enfin ... Bogey m'encourage pour les derniers cents mètres ... enfin la bière .... la médaille , le Tshirt de Finisher , le tout petit sanglot, résidu de tant d'efforts consentis .
La fierté , que dis je : l'immense fierté d'avoir une fois de plus réussi ce que l'on attendait de moi...ou plutôt ce que J'attendais de moi !!!

Ma-tortue arrive de son semi relais et sans lui laisser le temps de récupérer ( la PÔvre) nous montons par le petit train rouge en haut du Gornergrat : endroit magique où , l'an prochain, nous arriverons avec quelques 3km et quelques de plus et 500 m de dénivelé de majoration .... comme si 1944 m de D+ ne suffisait pas ;-)
Mais la vue sur le Mont Rose et ses écharpes de glaciers vaut toutes les récompenses du monde !
De toute façon nous sommes déjà inscrits avec l'ami Bogey ...! Alors .... Qu'aurais je pu faire dans un an ? Je vous le dirais alors ;-)